Eloïse COHEN DE TIMARY ・Interview

 

eloïse cohen de timary est écrivaine. après avoir contribué au succès du magazine socialter - le numéro 38 actuellement en kiosque, “les ennemis de l’écologie” est génial - elle se replonge dans l’écriture pour notre plus grand bonheur.

son second roman “les amants météores” sorti ce mois-ci m’a même fait pleurer, chose qui ne m’arrive que très très rarement en lisant ! c’est donc tout naturellement que j’ai voulu la rencontrer…

rendez-vous pris à la station hôtel de ville, en pleine période de grève parisienne.


1/ EstelleReads : Chère Éloïse, j’ai adoré “Les Amants météores” comme tu le sais. Qu’avais-tu en tête pendant l’écriture ?

Éloïse Cohen de Timary : Je voulais raconter une histoire d’amour fou entre une femme et un homme homosexuel, au-delà des identités de genres donc. Sans en dire trop pour ne pas déflorer l’intrigue, j’avais aussi envie de raconter une histoire d’amour fou qui mène à un geste fou. Je voulais que le lecteur éprouve de l’empathie pour ces personnages qui vont jusqu’au bout !


2/ ER  : Je confirme que c’est plus que réussi, d’ailleurs l’histoire prend fin dans une sororité très forte qui m’a beaucoup parlée !

Quel livre as-tu choisi pour aujourd’hui ?

É.C.T. : Carson Mc Cullers, avec “Frankie Addams”, publié en 1946. Frankie a 12 ans, elle vie dans une petite ville de Géorgie, aux Etats-Unis. C’est l’été, on la suit quelques jours de son mois d’août, à trainer son mal-être. Son frère va se marier et quitter la maison de leur petite ville natale, elle veut partir avec lui. Ce livre aborde la fin de l’enfance, les questionnements qui en émanent. Mais c’est surtout pour l’écriture que je l’ai choisi. C’est une écriture très directe, poétique, sans afféteries. Qui touche au coeur, sans poudre aux yeux. L’atmosphère s’imprime fort et reste, on ressent la texture de l’air, la moiteur des peaux… Cela est très marquant et au-delà de tout, le regard de l’auteur est très humain. Son empathie permet un degré de compréhension supérieure de l’âme humaine.


3/ ER : Qu’est-ce que tu recherches dans une lecture ?

É.C.T. : De façon générale, c’est le côté émotionnel des choses qui m’intéresse. Je veux être émue, et c’est la même chose avec la musique que j’écoute. J’adore la variété française. (ndlr : la chanson est très présente dans Les Amants météores, avec Juliette Armanet entre autres !)

Ce livre je l’ai découvert il y a deux-trois ans, grâce à ma mère qui a beaucoup lu Carson Mc Cullers. J’aime beaucoup ce genre de format, qui atteint une densité et une puissance émotionnelle très forte en 200 pages. Je relis souvent des passages ensuite, je corne des pages…

J’adore la littérature contemporaine de façon générale et la littérature US en particulier.  


4/ ER : Quelle genre de lectrice es-tu ?

É.C.T. : Compulsive ! Un livre en appelle un autre. J’ai un faible pour les livres de poche, et je ne lis jamais sur tablette ou ordinateur !


5/ ER : Lis-tu des “classiques” ?

É.C.T. : J’ai relu récemment “Madame Bovary” de Flaubert que j’ai adoré. Il m’électrise, sa façon de décrire l’âme féminine, l’élégance du style… “Une vie” de Maupassant m’a marquée aussi.


6/ ER : Et quand tu écris, as-tu des rituels ?

É.C.T. : J’ai une vie de famille à gérer donc mes horaires d’écriture sont très cadrés, les mêmes que des horaires de bureau.


 
 

Un café rue du Temple, Paris 4ème.

Eloïse Cohen de Timary

Eloïse Cohen de Timary

« Je voulais raconter une histoire d’amour fou entre une femme et un homme homosexuel, au-delà des identités de genres.»


7/ ER : Est-ce que tu lis certains livres en particulier à cette période-là ?

É.C.T. : Lors de l’écriture de mon premier roman, “Babylone Underground”, j’ai découvert l’écrivain allemand Edgar Hilsenrath, un coup de coeur ! Il a écrit entre autres “Le Nazi et le Barbier”, “La Nuit”, “Fuck America”. Sa découverte a été concomitante à l’écriture de mon premier livre.

Lorsque j’écris je continue toujours de lire. Ce qui change c’est qu’un paragraphe peut me faire penser à quelque chose, même si le thème du livre est très différent. Ca éveille quelque chose, une étincelle, une idée. Mais c’est pareil avec les films finalement !


8/ ER : D’autres auteurs à déclarer ? :)

É.C.T. : Dans “Les Amants météores”, le nouvelliste Raymond Carver est pas mal cité. Zeruya Shalev aussi, avec “Ce qui reste de nos vies”. J’aime bien Eshkol Nevo aussi.


9/ ER : Où achètes-tu des livres ?

É.C.T. : J’habite le 11ème arrondissement de Paris, qui est l’arrondissement où il y a le plus de librairies !  

“La Page 189” est une super librairie avec une sélection assez éclectique, et je me demande toujours comment ils font pour avoir une si belle et si riche sélection dans un si petit endroit.

Je vais aussi à “La Friche”, “L’Utopie”, “L’arbre à lettres” à Bastille… Le lancement de mon livre sera à “La Belle Hortense.” un bar à vins-librairie très sympa.


10/ ER : Une citation  tirée de “Frankie Addams” ?

É.C.T. : “Je voudrais être n’importe qui excepté moi.”

Je trouve cette phrase touchante, qui dit très bien cet état de la fin de l’enfance. Si on est évidemment toujours marqué.e par ce qu’on est dans l’enfance, chacun traverse cette période de recherche d’identité, qui est à la fois douloureuse mais aussi exaltante.


11/ ER : Quel est le livre que tu as le plus offert ?

É.C.T. : J’ai pas mal offert “Le Chagrin des vivants” de Anna Hope. Et “La Cloche de détresse” de Sylvia Plath.


ER : Merci Éloïse !