Véronique Olmi・Bakhita

 

« Les enfants l’aiment comme on aime celle qui ne vous trahira jamais. Elle sent le chaud et sa voix est lente et grave. Elle est noire comme une nuit douce, elle est celle qu’on trouve tout de suite au milieu des autres, la pas-pareille, une enfant géante, et ceux qui rentrent chez eux le soir n’en parlent pas, ils gardent pour eux la découverte de leur Moetta Bella et serrent les lèvres quand leurs parents leur demandent si la négresse a le mauvais œil. »


« Les enfants l’aiment comme on aime celle qui ne vous trahira jamais. Elle sent le chaud et sa voix est lente et grave. Elle est noire comme une nuit douce, elle est celle qu’on trouve tout de suite au milieu des autres, la pas-pareille, une enfant géante, et ceux qui rentrent chez eux le soir n’en parlent pas, ils gardent pour eux la découverte de leur Moetta Bella et serrent les lèvres quand leurs parents leur demandent si la négresse a le mauvais œil. »

Ravie d’avoir terminé « Bakhita », grand roman qui fait mal. Mal a l’humanité, mal au cœur, tant l’horreur qui y est décrite est insoutenable. Je me suis d’ailleurs interrogée la première partie sur le sens de tant de « pathos » dans un roman. A la fin du XIXe siècle, Bakhita est enlevée à 7 ans de son village au Soudan. Elle devient enfant-esclave et aucune des horreurs possibles de faire a un être humain ne lui sont épargnées. Sans compter sa grande beauté qui lui jouera des tours autant qu’elle lui sauvera la vie. Comment dans ces conditions ne pas épouser sa cause et comment rester de marbre ?
Veronique Olmi dresse le portrait de cette femme qui ne sera jamais à sa place véritablement – même libre -mais dotée d’une force et d’un courage hors du commun. Elle sera à juste titre béatifiée par Jean-Paul II. Elle aurait pu devenir folle mais choisi de tout donner - c’est-à-dire sa vie et son amour - a Dieu et a ceux qui n’ont plus rien, en particulier les orphelins. Ce roman est celui de l’arrachement à ceux que l’on croise, que l’on aime, et qu’on cherche infailliblement toute sa vie chez d’autres. 
Autre grand point fort de cette « quasi biographie », on y apprend beaucoup. Réelle mine d’or sur l’esclavage en Afrique noire mais aussi dans une moindre mesure sur la misère de l’Italie du début du XXème siècle jusqu’à l’avènement de Mussolini.

Roman objectivement magistral, je n’ai personnellement pas trop aimé la sensation d’impudeur, de voyeurisme, causée par tous les détails du récit.

 
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457 pages @editionsalbinmichel