Davide Enia ・La Loi de la Mer
document issu de la sélection pour le grand prix des lectrices elle 2019, que j’ai beaucoup aimé. pitch : un journaliste a fait un travail de trois ans à lampedusa, lieu d’arrivée d’embarcations de migrants…
C’est pour ça que j’ai décidé d’être jury pour le Prix des lectrices du magazine ELLE : devoir lire des bouquins vers lesquels je ne me serai pas naturellement tournée. Je lis peu d’essais de ce type et encore moins de polars. Avec ce récit de l’écrivain et dramaturge italien Davide Enia, il s’est passé quelque chose...
Trois ans d’allers retours entre sa Palerme d’origine et l’île qui fait le trait d’union entre l’Europe et l’Afrique, Lampedusa. Pourquoi ? Parce que c’est là que les bateaux de migrants entrent sur le territoire européen. Parfois, ça se passe bien. Le plus souvent, ça se passe mal.
Les insulaires n’ont rien demandé mais se retrouvent au cœur d’une hécatombe sans précédent dans le monde contemporain. Comment rester chez soi quand à 20 mètres une embarcation arrive après des jours et des nuits sans boire ni manger ?
L’urgence prend le dessus, et marque dans leurs chairs ces habitants qui comme les amis qui accueillent Davide chez eux, Paola et Melo, se retrouvent à devoir sauver ces êtres venus de partout de l’autre côté de la Méditerranée, qui n’ont plus rien.
Ce récit c’est aussi celui plus autobiographique de l’auteur, Davide Enia, qui là-bas, confronté de fait à l’horreur et à la mort, remet en perpective ses relations avec son père et son oncle chéri Beppe, tout deux médecins à la retraite. Des rapports d’une grande tendresse.
Ce livre se lit comme un roman, car Enia épouse totalement cette cause, et nous fait mettre des sentiments et de l’humanité derrière des statistiques. Notamment grâce à de nombreux témoignages de pêcheurs, de marins, de villageois, de membres d’association qu’il rencontre et se livrent à lui. « Parler avec un acteur direct, ça chamboule tout : l’ordre des choses, les idées toutes faites, la pensée elle-même. »
C’est aussi un hymne à la mer, à cette Méditerranée qui à coups de libeccio ou de sirocco balancent ces femmes et ces hommes vers leur destin.
Un très beau livre.
A LIRE SI : Vous voulez en savoir plus sur le parcours des migrants et/ou êtes un amoureux de la Méditerranée !
224 pages chez Albin Michel