Jérôme Ferrari ・À son image
grande dÉcouverte pour moi que jérôme ferrari, professeur de philosophie dans la vraie vie, qui gagne cette année le prix du monde littéraire avec À son image…
Jérôme Ferrari avait gagné le #Goncourt en 2012 pour Le Sermon sur la chute de Rome. Je ne l’ai pas lu. Mais ce que j’ai découvert de ce professeur de philosophie avec son dernier roman publié fin août, À son image, m’a énormément plu.
Pour la 1ère fois depuis longtemps, j’ai eu envie de lire des passages à voix haute. Ce que j’ai fait d’ailleurs, au malheureux qui se trouvait à mes côtés à ce moment-là ! L’intensité de cette plume emporte tout sur son passage, et ce malgré les phrases à rallonge qui pourraient être lourdes.
Années 80, en Corse. Antonia est photographe dans un journal régional. Elle qui avait des velléités à photographier pour rendre compte du réel au plus grand nombre se retrouve à photographier des événements de village objectif grand-angle sans intérêts. Elle qui avait des velléités à devenir pour de vrai la femme du fameux Pascal B., militant nationaliste corse, se retrouve à attendre la qu’il sorte de prison pour passer quelques fugaces moments passionnels.
En 2003, Antonia meurt dans un accident de voiture, au petit matin, éblouie par le soleil, elle part dans le ravin. Son oncle et parrain, prêtre qui lui avait offert son premier appareil photo a 14 ans, se retrouve à faire l’office funèbre.
Entre temps, les personnages de la vie de la jeune femme présents lors de la messe permettent au lecteur via leurs liens de retracer les moments forts de la vie d’Antonia. Son point culminant étant la guerre en ex-Yougoslavie au début des années 90. Lorsqu’elle se rêvait grand reporter, mais sans oser avoir le courage de prendre les clichés qui comptent.
Mais que reste-t-il des images ? A part l’horreur et le choc traumatique, finalement personne ne veut voir et personne n’agit. Ce roman questionne en parallèle avec l’apparition de la photographie de guerre au début du Xxème siècle, le voyeurisme qui pousse Gaston C. a vouloir toujours plus de sang et de chair à vif sur ses clichés...
De grands thèmes abordés sans jamais virer au pathos. Au contraire, j’ai eu l’impression d’être au plus proche de la vérité des sujets traités. Un grand livre!
A LIRE SI : Vous êtes sensible à l’image, à la photographie et/ou aimez la Corse !
224 pages chez Actes Sud