Rencontre avec Serge Joncour ・Chien-Loup
Connaissez-vous La Maison de La Poésie, à Paris ? Ce lieu propose des rencontres littéraires qui valent souvent le détour. C’est ainsi que j’ai été à la rencontre de Serge Joncour, grand écrivain français dont j’avais juste lu U.V. à sa sortie il y a quinze ans déjà, en 2003…
La rencontre était animée par Alexandre Lacroix le co-fondateur de l’école d’écriture Les Mots, à laquelle participe Serge Joncour en tant que professeur afin d’aider à écrire des écrivains en herbe !
C’était brillant, en tant que philosophe Alexandre Lacroix arrive à prendre le recul pour sortir la substantifique moelle de l’œuvre de l’écrivain. Et les thèmes abordés peuvent intéresser, je pense, même ceux qui n’ont pas lu le livre !
Chien-Loup (publié chez Flammarion) se passe dans le Lot, il y a un petit village qui existe, l’auteur a sa famille là-bas et aime s’y perdre lorsqu’il est en phase d’écriture intense. La déconnexion est alors indispensable, et ça tombe bien car y a zéro réseau, comme le constatent ses deux héros Franck et Lise qui débarquent dans une maison de location au milieu de nulle part. S’enclenche alors un jeu d’allers-retours entre aujourd’hui et le passé, en 1914. Pour cela, Serge Joncour s’est inspiré d’une vraie rencontre avec un dompteur d‘animaux il y a plus de vingt-cinq ans. Il avait à l’époque déjà essayé de s’inspirer de son histoire pour son écriture mais finalement il a vraiment pris corps dans un de ses romans en 2018 avec Chien-Loup.
Serge Joncour voulait un « livre d’extérieur ». Il aime profondément la nature et les animaux qui nous accueillent sur leur territoire. Il redoute les chiens en semi-liberté, très instinctifs et dont il faut parfois se faire accepter en jouant du regard... Il a peur du retour du chien enragé. Ayant grandi dans un milieu rural entouré de paysans et de fermiers, Serge Joncour interroge le rapport à l’animalité. Si aujourd’hui il se dit incapable de tuer un lapin comme il le faisait étant ado, il se demande aussi si dans dix ans ça ne lui semblera pas juste absurde de consommer cette viande ... Il a un rapport très fort à la nature également.
Sur l’écriture. Pour Serge Joncour, l’écriture est comme « un jeu avec le lecteur, sur qui j’aurais toujours un coup d’avance ». Pour écrire, la déconnexion lui est primordiale. Cinéphile, il s’interroge aussi sur les liens entre certains de ses livres et leurs adaptations au cinéma. Ce qui est sûr, c’est qu’avec Chien-loup, il dit que le cinéma devrait lui foutre la paix !:)
Ah, et il est toujours dans la quête du fauteuil parfait pour pouvoir s’abandonner complètement à son imaginaire et son écriture... À bon entendeur ;)
J’ai donc pour une fois assumé ma fan attitude en lui demandant de dédicacer mon exemplaire 🙄! Que je n’ai toujours pas lu, mais nul doute que mon intuition était la bonne : je vais adorer !!!
A LIRE SI : Vous avez envie de couper court à la sur-connexion permanente !!
428 pages chez Flammarion