Anne Dufourmantelle・Puissance de la douceur
Anne Dufourmantelle revient sur cette énigme, ce paradoxe, qu’est la douceur. Sa puissance vient du fait qu’elle a un pouvoir transformateur sur les êtres et les choses. Et que personne ne peut l’obliger...
Cet essai est intéressant pour assimiler ce « concept » de douceur auquel les philosophes grecs n’ont guère porté attention, qui reste néanmoins insaisissable, mais dont on comprend qu’il est l’inverse d’une faiblesse comme on aurait tendance à le considérer dans notre société. « Il y a des remarques meurtrières qui sont dites d’une voix douce, il y a des violences qui se font caresses pour mieux atteindre le cœur. » On frôle alors la cruauté.
L’auteure, en 35 courts chapitres - le livre ne fait que 143 pages - creuse chacune des apparitions ou applications de la douceur dans nos vies, avec toujours une touche de psychanalyse puisque c’était son métier.
D’un point de vue du sujet, la douceur, pour Dufourmantelle, est ce qui permet au fond de la tristesse et du désespoir, de se battre et de surmonter l’obstacle, le trauma, le chagrin, une mélancolie profonde, un décès, un chagrin d’amour ... Il s’agit là d’une douceur envers nous-mêmes qui est un besoin à ne surtout pas nier.
« La douceur est l’une des conditions de cette reconstruction. »
Finalement, l’auteure nous livre que la douceur est une force inestimable pour qui sait en user. Elle désarçonne, déstabilise.
« La douceur s’oppose à la passion et au jeu des miroirs narcissiques que celle-ci favorise. Il y a une puissance en elle qui, loin de la tempérance ou de la tiédeur, emporterait dans sa déferlante une ferveur qui est un autre nom de l’extase. »
« Car la douceur apparaît d’abord comme un défaillance. Elle déroge à toutes les règles de savoir-vivre social. Les êtres qui en font preuve sont parfois des résistants mais ils ne portent pas le combat là où il a lieu habituellement. »
143 pages chez Payot