Jean Baudrillard・Amérique

 

Cet essai paru en 1986 sonne toujours aussi juste et actuel, Baudrillard était un visionnaire qui avait analysé de manière très fine ce qui faisait la culture américaine, la manière de penser de ses habitants et lire ce livre en 2018 est incroyable. 


J’adore son style d’écriture, cette langue très rythmée qui décrit les paysages de la Vallée de la Mort comme si le lecteur était en son creux sous le cagnard et en même temps si limpide et acerbe, percutante...

« Cet univers complètement pourri de richesse, de puissance, de sénilité, d’indifférence, de puritanisme et d’hygiène mentale, de misère et de gaspillage, de vanité technologique et de violence inutile, je ne peux m’empêcher de lui trouver un air de matin du monde. C’est peut-être que le monde entier continue de rêver de lui alors même qu’il le domine et l’exploite. »

« Il n’y a pas pour moi de vérité de l’Amérique. Je ne demande aux Américains que d’être Américains. Je ne leur demande pas d’être intelligents, sensés, originaux, je ne leur demande que de peupler un espace sans commune mesure avec le mien, d’être pour moi le plus haut lieu sidéral, le plus bel espace orbital.»

« Finie l’orgie, finie la libération, on ne cherche plus le sexe, on cherche son genre (gender), c’est-à-dire à la fois son look et sa formule génétique. »

« Libéré n’est pas l’homme dans sa réalité idéale, dans sa vérité intérieure ou dans sa transparence — libéré est l’homme qui change d’espace, qui circule, qui change de sexe, de vêtements, de mœurs selon la mode, et non selon la morale, qui change d'opinion selon les modèles d’opinion, et non selon sa conscience. »

Ce livre donne des clés pour comprendre ce continent, Baudrillard exerçant une sorte d’amour haine qui au final en fait un tableau contrasté et réaliste. Que penserait-il aujourd’hui de la (non) communication à l’ère de l’Internet 3.0!!

 
 
122 pages au Livre de Poche

122 pages au Livre de Poche

« Finie l’orgie, finie la libération, on ne cherche plus le sexe, on cherche son genre (gender), c’est-à-dire à la fois son look et sa formule génétique. »