Éric Chevillard, L’autofictif ultraconfidentiel・par François-Henri Désérable
François-Henri a 30 ans. Il est l’auteur d’Un certain M. Piekielny. Cf ma chronique à ce sujet Aujourd’hui, François-Henri nous parle d’un de ses auteurs préférés, Éric Chevillard.
1/ Quel genre de lecteur es-tu ?
Tardif. J’ai commencé à lire vraiment – c’est-à-dire par moi-même, et non parce que c’était imposé par l’école – à dix-huit ans. Depuis, je ne me suis pas arrêté, et je consacre le plus clair de mon temps à la lecture – ou à la relecture. Il y a une phrase de Borges que j’aime beaucoup et que je cite souvent : « Que d’autres se flattent des livres qu’ils ont écrits, moi, je suis fier de ceux que j’ai lus ». J’ajouterais que je suis pris de vertige en pensant aux livres que je n’ai pas lus.
2/ Pourquoi ce livre ?
Eric Chevillard a publié une vingtaine de romans, principalement aux éditions de Minuit. Mais depuis une dizaine d’années, en parallèle, il tient L’Autofictif (autofictif.blogstop.fr), un blog sur lequel il poste chaque jour trois notes, trois petits billets, trois fragments de quelques lignes. Les éditions de L’arbre vengeur ont réuni ce « journal extime » (la formule est de Michel Tournier) en un seul volume qui vient de paraître. L’éditeur, en quatrième de couv, présente cet opus comme « un Evangile, à ceci près qu’il est souvent drôle, parfois insolent, toujours spirituel, et qu’il témoigne de l’inventivité d’un écrivain tellement exceptionnel qu’il convenait autant de le relire que de le relier ». Je crois que tout est dit.
3/ Hmm...dis nous en plus !
Si tu insistes… Je crois que Chevillard est le plus méconnu de nos grands écrivains. Il faut dire qu’il se tient plutôt à l’écart du microcosme littéraire et des médias : il vit à Dijon, refuse de passer à la télé, etc. mais compte quelques milliers de lecteurs, « happy few » dont certains seraient prêts à se faire tuer pour lui. J’en suis.
4/ Morceau choisi :
« Notre rapport au parapluie pourrait bien hélas trahir la nature de toutes nos relations : dès qu’il ne pleut plus, on l’oublie. »
« Cette journée est interminable… vivement la fin de la semaine… oh voir le bout de cette saison… en avoir fini avec ce crédit, ce rhume, cette vaisselle… – avoir vécu en somme, et pour l’éternité être mort ? ».
5/ Où ça ?
J’achète mes livres un peu partout : à la librairie des Abbesses ou à la librairie de Paris, place de Clichy, parce que c’est proche de chez moi (je n’habite pas à Paris, mais dans la République autonome de Montmartre) ; à la librairie Delamain qui m’a si bien reçu lors de la sortie d’Un certain M. Piekielny ; ou encore à L’Ecume des Pages, boulevard Saint-Germain, parce que c’est ouvert 7/7 jusqu’à minuit.
6/ À LIRE SI :
Un Café Place des Abbesses, Paris 18ème
1216 pages aux Éditions l'Arbre vengeur