Colombe Schneck・Les guerres de mon père

 

« La même année, mon père me raconte cette histoire drôle, j’ai neuf ans :

-Tu sais, beauty, ce que certains disent qu’il faudrait pour que le monde aille mieux ?

-Heu.

-Il faudrait supprimer les juifs et les coiffeurs. 

Je lui réponds avec hésitation :

-Pourquoi les coiffeurs ?

Mon père sourit :

-Et pourquoi les juifs ? »


Colombe Schneck traite plusieurs sujets costauds dans son dernier livre - que j’ai mis du temps à digérer ! L’héritage laissé par les générations antérieures, lourd de secrets souvent; la résistance ou la collaboration pendant la 2nde Guerre Mondiale; l’exil; le devoir de mémoire; les juifs et en particulier les enfants juifs lors de cette sombre période puisque son père petit fut caché et sauvé par plusieurs personnes qui sont de véritables héros; et surtout, surtout, l’amour d’un père pour sa fille et inversement – ou comment avoir des étoiles dans les yeux à n’en plus rien voir !

Une plume d’une grande finesse et très intelligente (c’est pas gonflé de ma part, mais je n’ai pas d’autres mots pour décrire l’esprit de Colombe Schneck), si intime, forte et touchante... Pour moi, un roman qui parlera à toutes les femmes même si vous n’avez pas (ou pas eu) une relation exclusive avec votre père. Colombe Schneck va à sa propre rencontre après des années de travail et de recherches pour tenter de comprendre les non dits et au-delà de ça, ce qui animait son père parti il y a 25 ans, et il en ressort un livre qui nous marque : j’ai adoré ! Bravo à l’auteure d’oser parler sans langue de bois de sujets qui la fabriquent en tant que femme. 

« Je crois qu’il va revenir, je l’attends pendant vingt-cinq ans, ma vie est en sourdine, l’amour ne peut exister entièrement, il ne peut qu’être diminué. »

A LIRE SI : Vous pensez que « Le monde imaginaire est le seul moyen de remplir les vides laissés par les absents. » !

 
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340 pages chez Stock