Eric Vuillard・L’ordre du jour
« Personne ne pouvait ignorer les projets des nazis, leurs intentions brutales. L’incendie du Reichstag, le 27 février 1933, l’ouverture de Dachau, la même année, la stérilisation des malades mentaux, la même année, la Nuit des longs couteaux, l’année suivante, les lois sur la sauvegarde du sang et de l’honneur allemand, le recensement des caractéristiques raciales, en 1935; cela faisait vraiment beaucoup. »
Le livre d’Éric Vuillard - écrivain et cinéaste né en 1968 ayant déjà gagné des prix littéraires - raconte quelques jours décisifs pour la suite de l’Histoire mondiale. Le parti nazi doit absolument gagner les prochaines élections. On est le 20 février 1933, Goering, dirigeant du Parti national-socialiste, mène la danse autour des 24 personnalités les plus influentes de l’industrie et de la finance allemandes.
Je ne ferai pas de commentaire sur l’écriture ou le style de ce récit - puisqu’il a eu le Prix littéraire français le plus prestigieux ! Ce qui est passionnant est le lien entre politiques et industriels qui est toujours crucial aujourd’hui. « Ainsi, les vingt-quatre ne s’appelaient ni Schnitzler, ni Witzleben (...), comme l’état civil nous incite à le croire. Ils s’appellent BASF, Bayer, Agfa, Opel, IG Farben, Siemens, Allianz, Telefunken. Sous ces noms, nous les connaissons. Nous les connaissons même très bien. »
En outre, l’auteur explique, 2nd point passionnant, comment le chancelier autrichien s’est complètement soumis à Hitler en donnant aux nazis les pleins pouvoirs sur l’Autriche.
Maintenant, je me demande qui ce livre peut-il intéresser ? Qui connaît tous ces noms d’alors sans avoir besoin d’aller sur Wikipedia se rafraîchir la mémoire ? On sait bien que le bandeau rouge « Prix Goncourt 2017 » va faire atteindre les plafonds de vente. Les lecteurs occasionnels qui vont recevoir sous le sapin cet ouvrage plutôt que « Bakhita » pour ne citer qu’un des trois autres finalistes, vont ils retrouver goût à la lecture grâce a ce livre ? Vont ils être transportés d’émotions ?
150 pages @Actes Sud