Olivier Bourdeaut・Pactum salis
« -Nous nous vouvoyons, Mademoiselle, parce que le vouvoiement a le mérite de hisser au même niveau de respect un nouveau riche qui roule en Porsche et le modeste ouvrier agricole que je suis. Cette réponse produisit un schisme flagrant chez les trois jeunes femmes. Tandis que la jeune fille au magazine et celle au chapeau de paille jaugeaient Michel avec un intérêt nouveau, la troisième chercha à plonger ses yeux dans ceux de Jean. Les religions du luxe et de la terre semblaient avoir trouvé naturellement leurs ouailles. »
Après le succès retentissant de son premier roman En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut revient avec Pactum Salis, histoire d’amitié entre deux trentenaires qu’à première vue tout oppose.
Mickael, qui se rebaptise Michel car il trouve cela plus chic, est un agent immobilier en vacances à la Baule dans un hôtel de luxe. Jean, qui cultive la fleur de sel, est un taiseux qui s’est retiré de son 18ème arrondissement parisien pour vivre dans la nature, OKLM.
Leur rencontre improbable et très drôle est liée par l’amour commun qu’ils portent au muscadet qui réchauffe les cœurs et les solitudes. Car c’est bien de cela dont il s’agit.
Il pourrait y avoir un petit air des films d’Éric Rohmer ou de L’Hotel de la Plage, l’histoire serait la même 40 ans plus tôt. Olivier Bourdeaut écrit extrêmement bien avec un sens de la formule que je trouve génial. Nul doute qu’on attend déjà la suite après deux romans si prometteurs !
Une dernière pour la route : « Jean voyageait, et sa fierté avec, lorsqu’il imaginait son or blanc servi dans les grands restaurants du monde entier. Ces sachets de vanité besogneuse iraient rehausser des poissons à Tokyo, seraient balancés par pincées sur des côtes de bœuf à Buenos Aires, allaient décorer dans des écrins de bois une grande table de New York, enneiger de ses flocons des saumons en Norvège, ces cristaux viendraient sertir le jaune d’œuf orange des galettes de la région, iraient faire grincer le moelleux des bonbons caramélisés. »
252 pages chez Finitude