Yannick Haenel・Tiens ferme ta couronne

 

« Le téléphone s’est mis à vibrer sur la table basse. C’était un nouveau SMS de Pointel. J’ai compris que maintenant, il ne me lâcherait plus : ma solitude était foutue. Avant même que je n’aie eu le temps de lire son SMS, on a sonné à la porte. C’était trop pour moi : il ne se passe absolument rien dans ma vie depuis cinq mois, et en quelques heures non seulement on m’envoyait une rafale de SMS mais en plus on frappait à ma porte : j’étais complètement débordé »


Yannick Haenel a déjà eu de nombreux prix littéraires tels que l’Interallié et celui du Roman Fnac en 2009 pour son livre Jan Karski. Tiens ferme ta couronne est en lice pour plusieurs prix cette année et est pour moi une très bonne surprise ! Il est drôle, loufoque, et profond à la fois. 

Le narrateur – qui reste tout le long du livre anonyme - est un écrivain passionné du romancier américain Herman Melville. Il a écrit un scénario intitulé The Great Melville dont personne ne veut, jusqu’à ce qu’il rencontre à NY le cinéaste américain qui a réalisé Voyage au bout de l’enfer et La Porte du Paradis. S’ensuit une foule d’aventures rocambolesques pour notre héros loser très alcoolisé de 50 ans qui passe ses journées affalé dans son studio du 20ème arrondissement de Paris à regarder en boucle les scènes d’Apocalypse Now. Le roman monte crescendo de façon brillante, notre héros incapable même de s’occuper du chien de son voisin joueur de poker reprend peu à peu ses esprits grâce a la révolution de l’amour ... 

On se balade partout dans Paris en passant par le Musée de la Chasse pour finir au bord d’un lac italien, et c’est finalement une vraie leçon de vie. La littérature et le cinéma ont également leur part belle dans ce livre, qui peut parfois rappeler Houellebecq dans la manière labyrinthique d’écrire. J’ai adoré !